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Des chèvres sur une petite structure

Vincent Decoux recherche l'autonomie alimentaire. Il a cultivé cette année du soja destiné à l'alimentation humaine. Et envisage à l'avenir d'en produire pour ses chèvres.

Vincent Decoux optimise sa petite exploitation en se concentrant sur l’atelier caprin. Il cherche l’autonomie en tentant de nouvelles expériences, production de soja et lactation longue.

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Vincent Decoux a suivi tout le cursus agricole, CAP et BEP en espaces verts, bac STAE, BTS Acse, BTSA productions animales, certificat de spécialisation en caprins, et s’est installé hors cadre familial sur la commune des Nouillers, dans la Charente-Maritime. « Il faut être fou pour faire ça », sourit-il aujourd’hui. Il a aussi pris son temps pour devenir véritablement éleveur de chèvres. Ses parents n’étaient pas agriculteurs, c’est un cousin qui lui a transmis le virus. « Je me suis installé en plusieurs temps », au gré des études et des parcelles reprises.

Installation par étapes

Vincent Decoux passe officiellement exploitant en 2001 comme cotisant solidaire « en commençant avec un petit noyau de terres restées dans la famille. J’étais encore étudiant et je travaillais à côté. » En 2006, il reprend 18 ha à un voisin qui partait à la retraite, tout en restant salarié à plein temps. Il s’installe pour de bon en 2011 « en pleine crise laitière ». « La laiterie ne voulait pas me donner de référence, elle me demandait d’attendre encore un an. »

Avec une belle opiniâtreté, Vincent Decoux contourne la difficulté en reprenant les droits d’une connaissance. « J’avais prévu de constituer le troupeau et de construire des bâtiments neufs. Mais avec la crise, les banques ne prêtaient pas à une nouvelle exploitation caprine. » Il reprend les chèvres qui restaient dans l’élevage lui cédant les droits et achète une centaine de chevrettes issues d’un même troupeau. « Mais je n’avais toujours que 18 ha de terres ! »

Un peu isolé au milieu d'exploitations céréalières, Vincent Decoux a dû se résoudre à s'équiper de ses propres outils. (©  Myriam Guillemaud)

Petit à petit, il étend ses surfaces pour atteindre les 53 ha dont il dispose aujourd’hui, et notamment des terres sur le bassin de la Trézence préemptées par le département il y a plus de trente ans dans le but d’aménager une retenue d’eau qui n’a jamais vu le jour. Depuis, elles donnent lieu à des autorisations d’exploiter continuellement renouvelées. Cela donne des parcelles de 2 ha en moyenne, réparties sur deux pôles distants de 8 km et éparpillées entre quatre communes : « Le morcellement n’est pas ce qui me gêne le plus, mais plutôt l’éloignement entre les deux pôles qui augmente les temps de déplacement, de transport et les coûts. »

Son principal objectif est d’atteindre l’autonomie alimentaire de son troupeau. « Économiquement, c’est le plus raisonnable, observe Vincent Decoux. Je n’ai aucun intérêt à tout mettre en céréales et faire du hors-sol. Les chèvres sont là parce que j’aime cette production et que ça tient la route pour valoriser une petite structure. » De fait, l’atelier caprin pèse pour 80 % dans son chiffre d’affaires.

Réduire les achats

L’éleveur achète encore du concentré et du correcteur azoté à l’extérieur, mais 40 % du concentré donné aux chèvres de race alpine proviennent de l’exploitation. « Ce n’est pas assez. J’essaie de réduire les achats extérieurs, mais c’est compliqué. » Il s’est lancé cette année dans la culture du soja destiné à l’alimentation humaine. « C’est plutôt prometteur, d’autant qu’on a la chance d’avoir peu de ravageurs sur cette culture. » Au point qu’il envisage d’en produire aussi à l’avenir pour ses chèvres.

La reproduction des chèvres se fait en insémination artificielle et en monte naturelle, mais uniquement avec des boucs reproducteurs fils de champions de la sélection génétique. (©  Myriam Guillemaud)

Reste cependant un souci : trouver le prestataire pour le toastage. Vincent Decoux soigne aussi la génétique de son troupeau, avec des inséminations pratiquées sur un tiers du troupeau, le reste en saillie naturelle avec des boucs tous issus de pères « gènes avenir », champions de la génétique caprine.

Pour simplifier la reproduction et les mises bas, le tarissement se fait au même moment pour toutes les chèvres. Mais pour la prochaine campagne, l’éleveur va changer sa stratégie. « Comme l’année est très compliquée, avec une météo atypique, une qualité de fourrage moyenne et moins de lait, il me manque quelques milliers de litres pour atteindre ma référence. » Pour compenser, des chèvres vont passer en lactation longue. « Ça fera du lait d’hiver, mieux payé. Et j’aurai moins de mises bas et de chevreaux à gérer. »

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